Attention aux épillets
Dès la fin du printemps et pendant tout l’été, une attention toute particulière doit être portée à vos compagnons lorsque vous vous promenez avec eux à la campagne ou qu’ils rentrent à la maison après de petites “divagations solitaires” dans les terrains alentours.
En effet, c’est à cette période que les herbes sèches appelées épillets, herbes qui peuvent provoquer d’importants désagréments chez nos compagnons, sont présentes partout sur le bord des chemins et parmi les herbes hautes.
De quoi s’agit-il ?
Les épillets (encore appelés voyageurs ou spigaous… selon les régions) sont des épis secondaires de graminées sauvages eux-mêmes regroupés en épi au sommet d’une tige. A la fin du printemps, ces herbes se dessèchent, durcissent et se détachent alors très facilement de leur tige.
Chaque épillet est constitué de plusieurs éléments disposés de façon bien particulière les uns par rapport aux autres :
Une des extrémités se termine par une pointe très piquante
Tandis que l’autre extrémité se termine par de petites structures très fines et allongées
Cette conformation particulière a deux conséquences :
Les épillets s’accrochent très facilement à toute surface filamenteuse (vêtements, poils des animaux…)
Leur extrémité pointue suivie d’une partie plus large et évasée les fait progresser toujours dans le même sens.
Ainsi, ils vont très aisément s’accrocher au poil d’un chien ou d’un chat (ce d’autant plus que le poil est long, frisé ou entremêlé) et s’ils réussissent à s’infiltrer sous la peau de l’animal ou à pénétrer dans une cavité (conduit auditif, narine), ils n’en ressortent plus, s’enfonçant toujours plus en profondeur.
Quelles parties du corps faut-il surveiller avec attention ?
Les épillets se glissent facilement dans tous les orifices :
Le nez : Le chien qui vient d’explorer frénétiquement une zone d’herbes hautes se met brutalement à éternuer, à renifler. Des écoulements nasaux et des saignements peuvent ensuite être repérés.
Les yeux : Le contact de l’épillet sur l’œil est très douloureux. Un épillet doit être suspecté si l’animal se met à cligner brusquement des paupières, qu’il pleure et se gratte ou se frotte la face sur tout ce qu’il trouve. Les paupières enflent ensuite rapidement et et l’animal garde l’œil fermé.
Les oreilles : L’épillet vient s’accrocher aux poils situés sous l’oreille vers laquelle il progresse lentement. Lorsque l’herbe finit par pénétrer dans le conduit auditif, le chien, gêné, secoue la tête, se gratte l’oreille et refuse qu’on y touche. Il a tendance à pencher la tête du côté où l’épillet a réussi à entrer.
Les voies génitales : La conformation des épillets leur permet de se glisser dans des passages extrêmement étroits comme la vulve chez les femelles ou le fourreau chez les mâles.
Ils sont également capables de percer l’épiderme et de se glisser sous la peau :
Le point d’entrée du “voyageur” se situe généralement entre les doigts ou sous la patte, zones où la peau est particulièrement fine.
Le propriétaire pourra alors remarquer que son animal boîte ou qu’il se lèche une patte avec insistance. En début d’évolution, un examen attentif va permettre de repérer une petite ouverture entre les doigts. Après quelques jours, la peau est déjà refermée mais une petite région violacée et enflée peut être remarquée.
Pourquoi ne pas tarder avant de consulter ?
Un épillet est souvent facile à mettre en évidence et à retirer lorsqu’il vient d’entrer dans une cavité ou de pénétrer sous la peau.
Par contre, la progression de ces herbes sèches est très rapide et après quelques jours seulement de présence, ils ont déjà parcouru un long trajet.
Ils deviennent alors beaucoup plus difficiles à extraire (une anesthésie générale est souvent devenue indispensable) et même simplement à déceler par le vétérinaire.
Par exemple, lorsqu’un épillet a pénétré entre les doigts d’un animal depuis plusieurs jours, l’ouverture qu’il a créée en entrant a déjà disparu et seul un abcès est repérable. L’épillet a bien souvent cheminé déjà beaucoup plus haut dans la patte et il est très difficile de savoir si l’abcès entre les doigts est lié à la présence d’une herbe, d’une simple infection cutanée ou encore d’une blessure surinfectée…
De plus, la persistance d’un épillet dans l’organisme peut avoir des conséquences très ennuyeuses dans la région où il s’est glissé :
Le nez : l’herbe peut rester bloquée au fond des cavités nasales et y créer une infection ou cheminer jusqu’aux voies respiratoires plus profondes, atteignant les poumons via la trachée et les bronches et provoquant une grave infection pulmonaire.
Les yeux : L’épillet se glisse sous les paupières où il reste prisonnier. À chaque battement de paupières, il frotte sur la cornée (surface de l’œil) pouvant provoquer l’apparition d’un ulcère. Les ulcères cornéens sont très douloureux et nécessitent la mise en place d’un traitement rapide pour éviter des lésions irréversibles de l’œil.
Aucune amélioration ne pourra être espérée tant que le corps étranger sera présent.
Les oreilles : Un épillet resté dans le conduit auditif va engendrer une inflammation puis une otite. Il pourra même continuer sa progression et venir perforer le tympan.
Épillet retiré de l’oreille d’un chien à l’aide d’une pince à épillets
les voies génitales : Une herbe sèche localisée dans les voies génitales va provoquer des infections à répétition (vaginites notamment chez les femelles) qui ne guériront pas, ce malgré l’administration d’antibiotiques, tant que l’épillet sera présent
sous la peau : Si un épillet reste présent sous la peau, il va créer une importante inflammation puis l’apparition d’abcès à répétition, abcès qui vont se développer tout le long du trajet emprunté par “le voyageur”
Comment prévenir ces désagréments ?
Plusieurs précautions peuvent être prises pour limiter le risque que votre animal ne soit blessé par un épillet :
Faire tondre votre animal avant la période estivale, surtout s’il a un poil long et frisé.
Bien veiller à faire disparaître les bourres de poils qui ont tendance à se former entre les coussinets ou en-arrière des oreilles
Promener le chien en laisse lorsque vous vous trouvez à proximité de terrains remplis d’herbes hautes et veiller, après chaque balade, à inspecter minutieusement le pelage de votre compagnon en insistant sur les zones de plis cutanés (bien écarter les doigts, regarder sous les pattes, vérifier l’absence d’herbes à proximité des oreilles, de la vulve…)
Cet examen approfondi vous permettra, en outre, de vérifier l’absence d’autres “petits invités” (puces, tiques, aoûtats…) eux-mêmes très présents en cette saison
Bien retirer les herbes sèches de votre jardin et se débarrasser des restes de tonte pour éviter la pénétration sous les pattes d’épillets restés au sol.
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Si malgré toute votre vigilance vis-à-vis des épillets, vous constatiez, au retour d’une promenade, que votre chien éternue avec insistance, que son œil pleure, qu’il boîte ou encore qu’il secoue la tête, consultez rapidement votre vétérinaire :
Ne tentez surtout pas de mettre un nettoyant ou un produit traitant dans l’oreille pour calmer la douleur : ces liquides gêneraient l’examen du conduit auditif par le vétérinaire
Si vous avez remarqué un saignement du nez associé aux éternuements, précisez au praticien quel côté était concerné, cela l’aidera à retrouver l’herbe plus facilement
Enfin, lors de pénétration d’un épillet dans l’œil, même si vous êtes parvenus à retirer l’herbe, un examen ophtalmologique doit absolument être réalisé pour vérifier l’absence de lésions de la cornée.